- Village Ndzobermitang 1983 -
Moanga Benda (1983)
Avant de monter la garde au sein du Camp De Gaulle mon ami pascal LEROY rencontré durant les deux mois de classe et surnommé Feeling, me demande si je veux boire un verre d’Iboga afin de m’aider à vaincre la fatigue. Je bois le verre d’environ 25 cl d’un trait et me voilà en train de patienter à mon poste attendant la relève. Au bout d’une heure environ je me mets à entendre une voix qui résonne comme un son de cloche et qui me répète toujours la même chose : « Il faut être pur et originel » … nous sommes en mars 1983 je suis au Gabon depuis à peine deux mois.
Ndongui Kambo
Au milieu de mon année d’armée je pars avec mon nouvel ami du nom d’Yves PEUTOT. Nous allons vers la ville de Ntoum situé à 40 km de Libreville sur la nationale N°1 (la seule route qui permet de quitter Libreville). Mon ami avait demandé à son entourage : qui voulait l’accompagner voir des danses dans un village ? ; J’ai répondu présent. Nous voilà maintenant dans une 4L, où nous avons pris soin d’enlever les portières avant, sur une piste de latérites pour environ 1heures de route. Arrivés au village de Ndzobermitang nous sommes accueillis par un français, Alain BRINGUIER, qui était dans ce village depuis près de deux ans. Les habitants de ce village Fang parlait dans leur dialecte et prononçait le mot Iboga toute les minutes !
Elota Tsengué
Alain nous expliqua beaucoup de chose ce jour là, sûrement très content de pouvoir partager son expérience.
Il nous raconta comment il avait cherché ce que l’on appelle Dieu durant 15 ans en parcourant 25 pays africains et qu’une fois arriver au Gabon et l’expérience du Bois Sacré terminé il jugea satisfaisant le résultat de ses recherches. Bien sur il demanda de faire à notre tour cette expérience ce que nous n’avons pas totalement refusé mais il nous fallait tout de même un peu de recul car ce jour là beaucoup de choses on été dites et une conscience ne s’élargie pas après seulement une après-midi de discussion.
C’est durant les fêtes de fin d’année que nous nous sommes engagés à tenter ce saut vers l’inconnu. Pour ma part je ne savais pas ce que j’allais y gagner, mais en revanche je savais très bien ce que je laissais derrière moi.
Christophe & Yves (1983)
Agé de 22 ans j’avais déjà goûté une vie digne de ce nom : en effet je venais de passer plus de 10 ans en Ardèche dans un petit village du nom d’Antraigues sur Volane, dans une jolie maison en pierre au bord d’une petite rivière où nous pêchions truites et écrevisses dans une eau potable. Pays à touriste je travaillais comme barman dans un restaurant atypique de la place où le rire et la bonne humeur était de mise tout au long de l’année. Mes parents étant divorcés, ils s’occupaient à distance de mon ordinaire et je menais donc ma barque parmi mes excellents potes. Je me déplaçais en moto 125cc, un véhicule roi dans ces pays de montagne.
Okolongo
Ndzimba Dzobermitang 1984
Si j’acceptais de manger le Bois c’était parce que j’avais déjà goûté un bonheur que tout le monde recherche, et je sais qu’après mon service militaire, digne du meilleur Club Med, je retrouverais les mêmes plaisirs : au lieu d’une moto ça sera 2 ou 3, au lieu d’une maison ça sera 1 ou 2 châteaux, au lieu d’une copine ça sera 3 ou 4 ; mais les sensations seront toujours celle que je connais déjà. Alors rencontrer la divinité, si elle existe vraiment : voilà le challenge du moment. Je n’ai jamais envisagé que je pourrais perdre quelque chose de précieux m’appartenant, pour moi Dieu n’existe pas encore et seul le laissez faire est ma force puisque tout semble me sourire au temps présent.
Mepegnanga
Les présentations sont maintenant faites : le responsable du village s’appelle Ntoutoum NDONG, son nom d’initié est Ngomi away. Il fut le cuisinier du prophète NDONG OBAME EYA, celui qui révéla en 1947 le rite du Bwiti fang de l’Assumgha Ening qui signifie le Commencement de la vie. Papa Ntoutoum fut longuement préparé puisqu’il participa à tous les expéditions entreprit par le prophète ; ainsi après la disparition de ce dernier il prit la tête de ce village.
Yombo Dzobermitang
Le village appelé initialement Ndzobere (le Ciel ouvert) devint sous les révélations de NDONG OBAME EYA: Ndzobermitang (le Ciel ouvert au blanc). En effet Yves et moi étions le n° 4 et 5 après : Alain ou Elota Tsingué, une fille nommée Evissa Tsingué et Hubert nommée Ngadi na Douma.
Derrière nous il y eut environ une vingtaine d’initiation, avec plus ou moins de réussite …
Ngomi Away
Le deuxième papa du village s’appelle Lucien MEYO son nom d’initié est Méwandzi ; il habite un petit village voisin distant de 10 minutes à pieds appelé Mékonanam. Méwandzi fut le scribe de NDONG OBAME EYA, en effet après avoir fait le petit séminaire durant 10 ans chez les Jésuites (ordre reconnu très sévère pour leurs enseignements) il en ressortit érudit. Sa maîtrise du français fait de lui notre interlocuteur favori quant aux explications sur le Bwiti Assumgha Ening. Il fut également le co-auteur de la thèse de Mr BUREAU et de son essai intitulé : Bokayé! (Essai sur le Bwiti fang du Gabon).
Méwandzi
Notre état d’esprit du moment ne nous incite pas à être curieux car tout un cérémonial et toute une symbolique défilent devant nous à une vitesse impressionnante : pas de temps mort, toujours quelques choses qui se passe … plus les conseils avisés d’Elota Tsingué.
Ntoutoum Ndong - Mitombo Jao - Lucien Meyo
Ngomy away - Ndongui Kambo - Mewandzi
Okolongo & Moange Benda
Ndongui, Missengue & Bibang
Missengue (femme de Ndong Obame Eya)
L’initiation et sa préparation durent 2 semaines, durant ce temps toutes les personnes rencontrées doivent être nommées par leur nom d’initiation afin de se familiariser avec un monde que nous étions en passe de pénétrer…
A la rivière ...
Beaucoup de monde le jour J où nous allions avaler notre toute première bouchée de Bois.
Une fois avalée cette première bouchée quelque chose se modifie instantanément dans l’espace temps, et pour raconter la vibration qui s’ensuit … c’est de vive voix dans une ambiance de corps de garde !
Jao, Ndongui et Akasha - riviere et temple Ndzobermitang - janvier 2018
Au village de Meyang – Gabon 1985
Papa Akouakouna nous disait souvent : « je ne suis pas prophète, je suis élevé ! »
J’ai demandé à m’initié chez lui parce qu’il m’inspirait vraiment confiance et je sentais une grande force doublé d’une grande connaissance.
Elevé
Il fut à l’époque de Ndong Obame Eya son premier Nganga. C’est donc le premier à avoir communiqué avec les instances invisibles selon les révélations du prophète, ce que tout le monde fait aujourd’hui dans le cadre du Nzimba ou Essok ; moment désigner dans le Dissumba Fang pour envoyer les nouvelles aux Entités ou Génies qui dynamisent le village.
Papa Akoué ou Elevé était entouré de sa famille proche ; sa femme, sa sœur et son beau frère. Leurs tenues de cérémonie étaient toujours en vert jaune bleu et leur déplacement durant le rituel était très saccadé comme des gens d’un autre monde. Papa Akoué jouait le Mvett, je n’ai jamais entendu parler d’autres joueurs de Mvett qui initiait les gens avec le Bois. Il soignait souvent des grands « quelqu’uns » comme on dit ici, vu la qualité des voitures qui se garait dans sa cour. Pourtant jamais il n’y eut un signe extérieur de richesse qui aurait prouvé qu’une grosse somme d’argent aurait circulé dans le village.
Son age était l’objet de bien des discussions car on savait qu’il avait dépassé la centaine mais de combien ?
Papa Lucien qui dépassait les 60 ans me disait avoir sauté sur ses genoux alors qu’il était enfant.
Il avait une puissance que seul les initiés bien concentré dans le rite c'est-à-dire pratiquants les Ngozé, reconnaissaient et utilisaient. Les petits initiés, ceux qui avaient mangé le Bois par obligation (comme souvent au village), raillaient le petit homme lorsque celui-ci pratiquait hors de son village à la demande d’un autre Combo.
Chez lui les veillées durait 5 nuits et 6 jours : du mercredi soir au lundi matin. La journée durant ces Ngozé c’était direction la brousse soit pour faire des bains rituels, soit pour ramasser des médicaments indigènes ou soit pour entendre un enseignement en forêt preuve à l’appui de ce qu’il disait.
Au village
Une fois alors qu’il me prévenait d’une future veillée il m’avait demandé d’apporter un cahier d’écolier et un stylo. Ce que je fis et durant les 5 nuits de veille aucune allusion au cahier, je me rappelle même avoir oublié que je l’avais emmené. Puis le lundi matin aux alentour de 11 h00 Papa Akoué m’appelle avec mon cahier et me demande de m’apprêter à écrire ce qu’il va me dire. Comme le vieux ne parlait pas du tout le Français il fallut faire appel à un traducteur : le premier était papa Lucien qui au bout de deux heures fut remplacé. La fatigue du lundi matin était terrible, ce qui ne m’empêcha pas de remplir presque entièrement le cahier d’école avec un enseignement digne du Mvett.
Voici le premier mot que le vieux me demanda d’écrire : « rien » ; puisque mon traducteur me répétait « rien » je n’écrivis rien ; mais non il me fallait poser sur le cahier ces quelques lettres afin que l’on puisse continuer ! Ensuite vint les noms de personnes qui désignait le grand père de Dieu et sa famille, puis son père et sa famille, puis le Dieu qui nous créa et comment il fit et pourquoi et avec qui…pour arriver à l’iboga Fang qui fut le dernier mot que j’écrivis après 5 heures d’écriture et 4 traducteurs.
Bruno Ngoroyo
Lors du rituel de mon initiation qui s’était achevé au bout de 5 jours, je me réveillais comme d’une grande nuit de sommeil, mais avec le sentiment de n’avoir pas réussit ce voyage pour laquelle je m’étais engagé.
J’en fis part à papa Akoué tout en m’excusant d’avoir échoué et donc de n’avoir pas sut attraper ce qu’il avait à m’apporter. C’est à ce moment qu’il me fit asseoir pour me poser la question suivante : « te rappelle tu d’une petite colline après être sortit de la forêt ? » avec ces simples mots je replongeais à l’endroit indiqué comme si je venais à peine de le vivre… ensuite il ajouta : « l’homme que tu as vu debout sur cette colline c’était moi et je t’es laissez passer, t’en rappelle tu ? » aussitôt après m’avoir décrit cette scène je revu instantanément tout mon voyage avec tout ses explications et à ce jour c'est-à-dire plus de 30 ans après c’est toujours présent à ma mémoire.
Mon nom d’initiés est Bruno Ngoroyo de la famille Ngoroyama.
Nous sommes au milieu de l’année 1985 dans quelque mois je vais devoir quitter le Gabon sur ordre de mon principale guide spirituel : L’Archange St Michel.
Papa Akoué me rassura qu’une fois en France je ne devais pas m’inquiéter car quand il sera l’heure et le moment je serais de retour au Gabon.
Arrivé en France nous sommes le 29 septembre … le jour de la St Michel
Wanga Tsanga & Ndongui Kambo - 1985-
Yaya & Lambert 2022
Au village de KOMI – Gabon 1991
Chez Papa Tsengua « Modipe »
MOTAMBA
Roi du Mwiri
Maman Jeanette (femme de Motamba) & Urbain "Bossissi" (neveu)
Veillee a la Lagune - 1991